A quand la fin du phénomène des enfants dits sorciers au Togo ? Encore des victimes recencées
Parmi les différentes formes de violation du droit de l’enfant souvent relevée dans notre pays se trouve les accusations de sorcellerie. La sorcellerie tout le monde sait ce que c’est. Et nous tous nous savons qu’avant d’accusé et de condamner une personne pour quelque chose, il faut avoir des preuves irréfutables. Malheureusement ce n’est jamais le cas en matière de sorcellerie. On accuse et on condamne sans preuve. Plus grave les enfants mineurs, qui ne comprennent rien à tout ceci sont accusés et châtiés pour cause de sorcellerie.
Nous vous avons plusieurs fois rapportés, par divers canaux, des histoires d’enfants torturés (les mots sont bien mesurés, s’il vous plait) tout simplement parce qu’ils sont les soupçonnés d’être des sorciers. Conscients des dangers de ce phénomène sur l’avenir de notre société, nous avons engagé des actions dans plusieurs préfectures où les statistiques étaient très effarantes en termes d’enfants accusés de sorcellerie. Nous avons travaillé avec tous les acteurs concernés par le phénomène. Et nous avons vu une nette diminution de ce phénomène dans les régions ciblées. Des cas ont été dénoncé, les coupables ont été poursuivi en justice, certains enfants ont été sortis des couvents, d’autres ont été récupérés des cases des charlatans et pasteurs.
Mais le travail n’est pas encore fini et le phénomène des enfants dits sorciers n’a pas encore disparu. On continue d’enregistrer des victimes au Togo. C’est le cas de cette innocente fille âgée de 11 ans qui a été amené par son père biologique chez un charlatan sous prétexte qu’elle aurait emprisonné (campé) l’âme de sa sœur. Sans preuve bien entendu cette mineure a passé plus de 02 ans chez un homme dans une préfecture de la région centrale du Togo. L’homme qui prétendait disposer des pouvoir pour « guérir » donc de déposer la mineure ne faisait que la torturer afin de la délivrer de ces soi-disant diables qui la poussent à être nuisible à ses parents et à son milieu.
Elle a vécu durant deux ans dans une situation cauchemardesque. Coup de cravache, insultes humiliations, privation de nourriture et de soins de santé étaient le traitement que le guérisseur lui appliquait afin de la déposséder. Durant son temps de « traitement » elle dormait à même le sol, son corps souffrant de bouché de saletés dans les pores. Les traces de cette thérapie spéciale sont encore visibles sur son dos et sa figure. A 11 ans voici une fille (demain mère au foyer) victime de la cruauté et de l’irresponsabilité de l’homme.
Profitant d’une absence prolongée de son « docteur » et excédé par la maltraitance de ce dernier, notre fille a réussi à s’échapper. Dans sa fuite elle a eu la chance de tomber dans les mains d’une personnalité ressource d’un village qui déjà averti par cette problématique grâce aux séances de formations et de sensibilisation menée par l’ONG CREUSET-TOGO n’a pas hésité une seule seconde à entreprendre des actions pour protéger la mineur.
En rappel tout un dispositif est mis en place dans tous les villages des deux régions pour engager des actions rapides afin de gérer ces cas. En concertation avec Creuset Togo le dossier de ladite mineure a été introduit au cabinet du juge des enfants afin que le père et le charlatan répondent de leur acte. Actuellement la mineure est accueillie au centre KANDYAA de CREUSET à Sokodé
Nous nous sommes engagés depuis une décennie pour la cause des enfants en situation difficile, CREUSET TOGO dit non à ces traitements inhumains et cruels sur ces êtres fragiles. Cette fille dont il est question ici sera demain une mère, elle aura des enfants à qui elle devra donner une éducation. Pensons à cela. Demain elle sera peut-être une enseignante, une infirmière, une avocate… Elle a comme tous les autres enfants des droits que nous devons respecter, protéger ! Les enfants ne sont pas des sorciers ! Le rejet et la torture détruisent leur vie !
NE SOYONS PAS COMPLICES !
Merci à LUC NABEDE pour avoir partagé avec nous le récit de cette jeune fille. LUC est Conseiller Jeunesse, animateur social, titulaire d’une Licence professionnelle en Sciences et Techniques d’Animation Socioéducative. Il s’est engagé avec CREUSET TOGO depuis quatre ans pour faire respecter le droit des enfants. Il sillonne toute la région Centrale et de la Kara pour veiller au respect des droits des enfants.