Accusé de vol et de sorcellerie, il est marqué aux fesses par une lame.
Il y a quelque temps, un reportage diffusé sur France24Par ici pour visionner décrivant le calvaire des enfants accusés de sorcellerie dans notre pays, avait suscité de la polémique. La cruauté des images avait particulièrement heurté la sensibilité de nos frères et sœurs qui n’ont jamais cru que de tels actes pouvaient exister dans notre pays malgré l’arsenal juridique mis en place par l’Etat pour protéger les enfants.
Aujourd’hui malheureusement, on continue de faire face à certaines poches de résistance aux droits de l’enfant dans notre pays. Surtout dans les zones où la croyance en la sorcellerie est très forte.
C’est avec un cœur très meurtri que nous sommes contraints de vous présenter cette semaine un cas d’enfant victime de traitement atroces pour cause de sorcellerie. Si nous avons décidé de publier juste cette image c’est parce qu’elle est la moins choquante de tout ce que nous avons jusqu’ici découvert depuis que nous avons décidé de travailler sur cette thématique longtemps ignorée ou passer sous silence à cause de sa complexité.
La photo que vous voyez est celle d’un mineur âgé de 11 ans accusé de sorcellerie. Quelque part dans la région centrale. Il s’agit d’un cas d’enfant dit sorcier et laissé pour compte et vivant dans la rue. Au cours de la dernière semaine du mois de juin 2017, il a été sollicité par une dame pour lui faire l’entretien derrière sa concession touffue d’herbes. Sans occupation et cherchant de quoi survire le petit a accepté accomplir la tâche avec l’espoir de gagner quelque chose pour la journée. Il arrive à la maison et se met au travail. Pendant ce temps son employeur occasionnel quitte la maison pour aller s’occuper de ses affaires. Mais avant de partir elle prend soins de cacher les clés de la concession sous la paillote. Mais alors qu’il sarclait et voulant prendre un peu d’air sous la paillote, le petit se aperçoit les clés dissimulés dans un tissu de pagne. Il s’en saisi sans toutefois s’en servir. Il retourne se mettre au travail. De retour à la maison, la dame après avoir longtemps cherché les clés, découvre que c’est son employé qui les a dérobés. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle déverse sa colère sur le petit vu qu’elle cherchait depuis longtemps un coupable aux vols et disparition d’objets dont elle serait victime antérieurement. En vengeresse elle décide de la sanction à coller au mineur. C’est ainsi qu’elle alla s’acheter une toute nouvelle lame avec laquelle elle s’appliqua sans remord à faire des incisions sur les fesses de l’enfant (comme le montre la photo). Après l’exécution de sa sentence elle ordonna au petit de quitter la maison et de ne plus y remettre pieds.
N’ayant nulle part pour abriter ce dernier se retrouve avec le corps ensanglanté dans le marché du village son seul refuge. Heureusement pour lui d’autres enfants s’étant aperçu qu’il saignait abondamment ont rapporté l’information à une bonne volonté du village qui sans tarder à alerta un membre de l’observatoire mise en place par l’Ong Creuset Togo. Aussitôt la machine s’est enclenchée, l’enfant est rapidement conduit à l’hôpital pour les soins. Au même moment son dossier est confié à la gendarmerie en relation avec le tribunal pour que des poursuites soient engagées envers cette dame pour ses actes.
Dans de pareils cas, la communauté trouvant toujours des excuses ou des situations pour soustraire les coupables à la justice, des menaces commencent par surgir du village. Les proches de la coupable menacent d’éliminer l’enfant au cas il remettait pied au village. Même le personnel de Creuset et les officiers de la Gendarmerie ne sont pas épargnés.
Face à cette situation nous restons sereins surtout que c’est la loi qui a été dite dans ce cas. Il est dit que nul ne peut nul ne peut décider de se faire justice. Et la loi togolaise reste encore plus sévère lorsqu’il s’agit d’un enfant. Les accusations hasardeuses, fantaisistes dans notre pays à l’encore des mineurs doivent prendre fin. Il est temps de faire comprendre aux populations que la loi existe et elle réprime tout acte qui viole le droit de l’enfant. L’enfant est avant tout un homme. Mais étant fragile à cause de son âge il a été fait pour lui des droits spécifiques.
Faisons évoluer nos mentalités
Un petit enfant qui dans son enfance, n’a pas connu d’amour, un enfant d’à peine 11 ans qui n’a fait que traverser des situations douloureuses et humiliantes, ne peut que reproduire, une fois âgé, ce qu’il a reçu de la société c’est-à-dire la haine et la méchanceté puisque c’est dans cet environnement qu’il a grandi. Protéger les enfants ne doit pas être un luxe, mettre nos enfants à l’abri de la souffrance ce n’est pas une mauvaise chose. Si demain nous voulons avoir une société épanouis où les maux tels que les crimes, les viols n’existeront pas, nous devons commencer dès présent à rependre autour de nous valeurs saines.
Pour finir cette malheureuse histoire, sachez que l’enfant ne vit plus avec ses parents depuis des années. Sa mère selon les premières recherches se trouverait dans une préfecture située à l’opposé de là le petit vit actuellement et le père en aventure quelque part entre le Ghana et la Côte d’Ivoire.
Ce qui nous renvoie inéluctablement à l’autre phénomène qui est celui des grossesses non désirées et des mariages précoces. Il y a du travail à faire. Que chacun mette du sien dans la sensibilisation pour une meilleure considération de la notion de l’enfance.
Bona K.
Engagé pour l’Enfant chez Creuset Togo depuis 5 ans