ILS SONT DE RETOUR, POUR REPARTIR AVEC D’AUTRES : Le phénomène de la traite des enfants dans le Nord Togo
Depuis le début du mois de décembre ils sont de retour en passant par Bago, Bafilo, Kétao pour regagner leurs milieux de provenance.
Ils sont dénombrés à plus d’une cinquantaine de jeunes sur des motos et vélos neufs mais bien poussiéreux reconnaissables à leur forme.
Cette semaine, nous nous sommes approchés d’une équipe qui se reposait sur la route de Komah à Sokodé. Parmi eux on dénombre plus de 05 enfants âgés de 16 et 17 ans. La plupart ont passé plus de deux ans au Nigéria.
Un d’entre eux a accepté nous raconté son parcours depuis qu’il a quitté son village pour le Nigéria :
« c’est très difficile ce que j’ai vécu. J’ai travaillé pendant presque 03 ans et voilà que c’est la radio seulement qu’on m’a donné. C’est mon ami qui m’a remorqué sur sa moto qu’il a gagné après trois ans de travail aussi. Lui il a eu la chance. J’ai quitté Manga dans la préfecture de Dankpen en janvier 2015. Comme en ce temps on arrêtait les gens, celui qui devait nous amené nous a pris sur la moto et a passé dans la brousse jusqu’au Bénin et ensuite au Nigéria. Moi je travaillais dans une plantation de manioc et d’ignames. Comme en ce temps j’avais que 14 ans je ne travaillais pas assez vite et on me battait. Par la suite j’ai commencé par m’habituer. Et j’ai travaillé tout ce temps-là chez trois personnes. C’est Oga (nom donné aux trafiquants) qui nous a amené qui discutait avec eux. La semaine passée, quand je voulais revenir, il m’a remis une radio cassette de douze piles. Il dit que c’est ce qui reste de mon argent et qu’il a pu acheter. Quand j’ai réclamé il dit qu’il a envoyé l’argent à mes parents quand ils en avaient besoin. J’ai négocié avec mon ami là pour qu’on revienne ensemble. Travailler pendant trois ans pour radio je regrette vraiment. »
La malheureuse histoire de ce jeune n’est pas particulière. Partout où vous passez dans les régions de la Kara et centrale c’est pratiquement la même histoire. Et ils sont nombreux à être victimes de traite au Togo vers les autres pays comme le Nigéria, le Gabon et le Bénin. Ces jeunes, vont à chaque fois à la recherche du mieux-être mais malheureusement c’est souvent de fausses promesses.
Malgré cela le phénomène n’est pas prêt de cesser parce que certaines personnes se servent de la naïveté des jeunes pour leur faire miroiter une aventure au bout de laquelle ils deviendront riches et pourront aider leur parent.
Souvent les mois de fêtes (Décembre-Janvier) sont les occasions au cours desquelles les trafiquants (OGA) profitent du retour des premiers aventuriers pour appâter les autres enfants vulnérable.
Avec les motos, les radios, groupes électrogènes, des portables, ramené du Nigeria ou du Gabon, rares sont ceux qui dans ces villages pauvres résistent à l’envie de partir tenter l’expérience
Ce n’est qu’une fois sur place qu’ils se rendront compte que tout ce qu’ils ont entendu n’était pas tout à fait vrai. Impossible de revenir car le trafiquant qui les a conduit les force à rester et à travailler toute la saison le temps pour lui de rentabiliser son « investissement » qu’il a consenti pour les faire venir.
C’est très malheureux pour nos enfants. Le phénomène de trafic des êtres humains et surtout celui des enfants interpelle chaque acteur. Que nous soyons parents, leaders communautaires, enseignants, chefs traditionnels, travailleurs sociaux, chaque personne doit être défenseur des droits des plus faibles. Nous devons à partir de nos actions quotidiennes œuvrées à éradiquer la pauvreté au tour de nous et ainsi donner une chance à nos enfants dans nos communautés rurales.
Il y a plus de bonheur chez soi qu’ailleurs. Il suffit de savoir comment exploiter les atouts que nous disposons au tour de nous.
Et pour le faire, nous devons avant tout nous former, nous devons apprendre à nos jeunes frères comment exploiter les différentes potentialités de nos villages. Et la première dont nous disposons c’est la terre.
Aujourd’hui plusieurs programmes de formations existent dans le domaine agricole. Et plusieurs centres se proposent de former les jeunes dans le domaine de sorte à faire d’eux des acteurs de développement.
Au niveau de Creuset Togo, nous avons depuis trois ans maintenant une ferme agricole où nous offrons la possibilité aux enfants désireux de se former dans le domaine agricole de façon intégrer.
Le domaine agricole est large et offre une multitude d’opportunités. De la production jusqu’à la transformation finale, il y a des pistes de solutions pour aider nos communautés à prendre en charge leurs enfants.
L’aventure vers le Nigeria où d’ailleurs c’est toujours le travail de la terre qui est proposé à nos enfants n’est pas la solution à la question de pauvreté et du chômage. Nous avons des terres chez nous et nous pourront faire mieux que ce qui se fait dans les champs et plantations au Nigéria.